La boucle est bouclée

Le 28 Juin 2012

J'avais 18 ans et je me vois encore faire l'une des plus grosses conneries de ma vie au nom du progrès. Je revois aussi mon sourire débile de satisfaction car j'estimais avoir bien négocié avec le soldeur mes 1000 vinyls à un prix moyen de 25 francs belges par disque. La même semaine, avec l'argent de la vente, je me suis acheté les premiers cds (1 cd pour 20 vinyls!) d'une collection dont je me suis séparé sans état d'âme (et toujours avec le sourire) il y a quelques années pour devenir l'un des pionniers de la dématérialisation. Et puis le progrès a continué et depuis quelques mois, tout le monde peut spotifier la discothèque universelle sur un iphone ou sur sa machine à café. Tout, partout, tout le temps. Et toujours avec le sourire.

Sauf que maintenant, je m'occupe d'un label et quand je vois mon fils écouter de la musique sur youtube, ça me fout le cafard.

J'en ai parlé récemment à un ami qui m'a fait cette réflexion lumineuse : "Pourquoi ne recommences-tu pas ta collection de vinyls? Si tu cherches un peu, tu auras vite retrouvé la majorité des titres pour une poignée de dollars". Je me suis décidé à écouter son conseil et hier, j'ai finalement acheté une platine qui a aussitôt récupéré sa place perdue 27 ans plus tôt. J'ai presque instantanément retrouvé les émotions que je croyais perdues: les craquements, le poids du vinyl, les tracks dans le bon ordre, les credits, les pochettes et le gros son.

Cet après-midi, j'emmènerai mon fils chez Amoeba pour lui offrir son premier disque. Ce sera avec le sourire. Vive le progrès!

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Update du 28 Juin 2012, le soir : voilà le premier vinyl de Diego. Comme il voulait du AC/DC (qui à l'instar de Louis de Funès plait toujours autant aux enfants), j'en ai profité pour lui expliquer la différence entre Bon Scott et Brian Johnson, un peu comme le cuir et le skai...